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« Il faut dépasser la logique des échanges commerciaux et aller vers plus d’investissements » (Le soleil on line)

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15.12.2015 Le ministre marocain des Transports, de l’Equipement et de la Logistique est venu représenter son pays, invité d’honneur, à l’ouverture du 2ème Salon maritime de Dakar. Dans cet entretien, Aziz Rabbah évoque la nouvelle dynamique des relations entre le royaume chérifien et le Sénégal. Il appelle à dépasser la logique des échanges commerciaux et à aller vers plus d’investissements.

Le Maroc est l’invité d’honneur de la deuxième édition du Salon maritime de Dakar. Qu’est-ce que cela traduit pour votre gouvernement ?

C’est un grand honneur, pour nous, d’avoir été choisi. C’est un message très fort et une grande responsabilité. Cela montre qu’entre le Maroc et le Sénégal, les relations sont au beau fixe. On inaugure une nouvelle génération de projets de coopération. Il y a un partenariat très avancé entre le Maroc et le Sénégal. Le Maroc doit passer à la vitesse supérieure pour consolider ses relations avec le Sénégal à travers une coopération économique plus avancée. Les dernières visites de part et d’autre des deux chefs d’Etat ouvraient des horizons très importants. Il y a des opportunités et il faut dépasser la logique des échanges commerciaux et aller vers plus d’investissements. Les accords signés dernièrement montrent que nous sommes dans une nouvelle dynamique de partenariat entre les deux pays. Et, c’est pour magnifier cette coopération que le Maroc a été, sans doute, choisi comme invité d’honneur de ce salon maritime. C’est une façon de dire que ces accords et ces intentions de partenariats doivent être mis en œuvre et passer à la concrétisation.

Peut-on s’attendre à ce que le Maroc investisse davantage dans le domaine maritime comme il a fait dans les secteurs de la finance et des Btp, etc. ?

Le Maroc est très intéressé par des investissements dans les pays africains, sachant qu’ils sont accompagnés par des banques marocaines. On accorde un intérêt particulier à l’économie maritime. Nous sommes en train d’investir beaucoup d’argents dans ce secteur notamment dans la pêche, les infrastructures et les services de transport et de logistique. Le Maroc veut devenir une plateforme incontournable à l’échelle internationale et régionale. Notre présence à ce salon se justifie par la volonté de montrer les avancées du plan national, de présenter les opportunités entre nos deux pays et au-delà, entre le Maroc et les autres pays africains. On veut une connectivité africaine entre le Maroc et les autres pays africains. Aujourd’hui, l’Afrique paie trop chère la logistique maritime. Celle-ci coûte, en Afrique, 2,5 fois plus chère par rapport au reste du monde. Ce qui handicape notre économie et notre croissance parce que malheureusement, il y a des aléas terrestres. On ne maîtrise pas le réseau maritime, ni le réseau aérien. Alors, le Maroc veut développer davantage cette logistique maritime entre les pays africains. Il est temps que les pays africains aient leur part dans cette économie.

Vous avez prôné la prise en compte de la pêche artisanale dans les politiques de développement de ce secteur. Pourquoi vous avez insisté sur la question ?

Quand on parle d’un secteur dans sa globalité, il y a les projets et les investissements colossaux, mais il y aussi l’économie du secteur informel ou social. C’est la même chose pour l’agriculture industrielle et familiale. Dans la pêche, il y a les grands investisseurs, les industriels, les exportateurs. Ceux-là valorisent les produits de pêche. Mais il y a aussi les petits pêcheurs qui s’activent dans la pêche artisanale. C’est pourquoi dans toute stratégie et, c’est notre cas au Maroc, il ne faut pas oublier cette catégorie. Premièrement, elle alimente l’économie nationale. Deuxièmement, elle participe à la stabilité et à la sécurité sociale. Troisièmement, elle a une certaine valeur ajoutée. D’où la nécessité de faire la mise à jour, l’accompagnement, le financement. L’investissement dans des infrastructures adaptées se fait à l’échelle nationale marocaine et c’est ce qui est en train de se faire à l’échelle nationale au Sénégal. J’ai remarqué que dans la politique du Sénégal, cette composante est prise en charge. Sa Majesté a lancé, lors de sa dernière visite, ici, le projet de construction d’un débarquement de pêche artisanale. C’est un modèle qui peut être dupliqué un peu partout au Sénégal. C’est comme cela qu’on peut fixer les populations, valoriser les produits de la mer et créer de la valeur ajoutée. On peut aller plus loin en allant vers la pêche artisanale moderne, en utilisant les technologies de l’information et de la communication, les systèmes de production avancée à partir de financements publics et privés. C’est un axe important.

Pensez-vous que les économies sénégalaises et marocaines puissent être complémentaires ?

L’économie de chacun des deux pays essaie d’être le leader dans sa zone. C’est normal et légitime. Chacun veut prendre le leadership. Mais on ne peut pas devenir un leader économique si l’on ne coopère pas avec les économies voisines, voire d’ailleurs. Les économies doivent être complémentaires. Il y a une certaine complémentarité entre nos deux économies, mais il y aussi une certaine similarité. D’où la nécessité, pour le Sénégal, d’être présent dans le marché marocain et vice-versa. Nous avons déjà les ingrédients essentiels pour une présence très avancée pour l’un et pour l’autre dans chaque pays. Au Sénégal, le Maroc est très présent dans le domaine financier à travers notamment trois banques, dans les télécommunications, dans le Btp, dans le minier, etc. Tous les ingrédients sont réunis. Il ne reste qu’à passer à une vitesse supérieure en investissant dans les infrastructures, dans les systèmes d’opération au port, dans la pêche, etc. Il n’y a pas de problèmes de visa entre les deux pays et le courant passe bien. On a presque la même langue. Entre le privé, il y aura la concurrence mais il y aura également la complémentarité. Le libre échange est bien mais ce n’est pas suffisant. Le libre-échange sans limite ou tout seul crée un déséquilibre entre les pays. C’est pourquoi, il faut mixer le libre-échange avec l’investissement et c’est la doctrine marocaine. Quand on fait le libre-échange avec les autres pays africains, on va investir aussi. On croit que le développement de l’économie marocaine passe par les secteurs nationaux mais aussi par le partenariat économique avec les pays amis.

Le Sénégal ambitionne de développer son secteur du transport, est-ce que le royaume est prêt à l’accompagner dans ce secteur ?

Bien sûr. Le Maroc est prêt, aussi bien pour le secteur public que pour le secteur privé, à coopérer avec le Sénégal. Nous avons une compagnie aérienne sur place, un accord qui bénéficie à tout le monde. On est prêt à aller plus loin dans le domaine de la formation, de l’accompagnement des réformes institutionnelles et réglementaires. Nous sommes prêts à exposer notre expérience à nos frères africains et sénégalais en particulier. Il faut qu’on se tienne un langage plus franc. Il faut croire en l’Afrique, à ses compétences comme le dit Sa Majesté. La classe moyenne en Afrique, dans dix ans, sera parmi les plus grandes classes moyennes à l’échelle mondiale. Ce qui veut dire que la consommation va être grande. Il faut donc se préparer en conséquence. Il y a beaucoup d’investissements dans le domaine des infrastructures et les entreprises africaines sont capables de les développer. On peut faire aussi des joint-ventures intelligentes avec des entreprises internationales. Si on le fait, je suis convaincu que l’Afrique gagnerait du terrain. Il ne faut pas avoir le complexe de voir nos amis et frères africains chez nous pour développer l’économie.

Source : http://www.lesoleil.sn/ / Propos recueillis par Elhadji Ibrahima THIAM